La Lettre de La Cagouille de Gérard Allemandou

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A-propos

Les dégustations des Amateurs

Le site internet qui m'accueille a organisé sa première dégustation d’amateurs, à Sigogne, chez Karina, en faisant goûter à l'aveugle trois des crus des Antiquaires du Cognac : Fins Bois, Borderies et Grande Champagne. Je n’assistais pas à cette dégustation trouvant plus intéressant de me faire une opinion de l’extérieur.

En traitant les fiches qui donnent une cotation exploitable, 14 sur 19, il apparaît une homogénéité certaine. Les dégustateurs ont apprécié le Fins Bois 23/40, en moyenne, un peu plus la Borderie 25/40 et particulièrement estimé la Grande Champagne 30/40.

Il semble qu'une certaine agressivité du Fins Bois l'ait pénalisé, que le nez de la Borderie ait été bien apprécié, et que la Grande Champagne soit sur tous les tableaux jugée très qualitative.

Connaissant bien ces produits j'ai trouvé les dégustateurs un peu timorés quant à leurs cotations. Faudrait-il leur proposer un standard, type XO de marque, comme quatrième produit à utiliser comme référence? J'aurai pensé voir la Grande Champagne à 36, la Borderie à 32 et le Fins Bois à 28.

Il faut cependant ne pas oublier que la dégustation a eu lieu en été, et que la chaleur n'est pas bonne conseillère pour goûter les cognacs, faisant trop ressortir la part alcoolique, plus présente sur des eaux-de-vies réduite naturellement par l’âge.

Le mélange de plusieurs nationalités des dégustateurs entraîne l'utilisation de deux langues, l'anglais et le français.

Pour l'anglais trois termes reviennent régulièrement : smooth, gentle et sweet. Nos amis anglicistes sembleraient donc mettre en avant la douceur et le policé du produit.

Pour le français le vocabulaire employé est assez large mais permet de compter 9 fois le terme vanille, alors que le terme rancio n'est cité que 2 fois. Aucun de ces trois cognacs, suffisamment âgés, ne goutte la vanille, mais le rancio, sous différentes formes. Il semble donc qu'une majorité de dégustateurs fasse une confusion entre les deux arômes.

Cette première édition est un succès. Une telle initiative ne peut que servir le produit et aider à le faire aimer en le faisant connaître.

Early landed

Les relations privilégiées que le cognac a toujours entretenu avec nos voisins d’Outre Manche est la cause d’un particularisme qu’il serait impensable aujourd’hui de voir accepter par l’instance régissant le cognac.

En effet la tradition permet d’exporter des cognacs à Londres en vrac, c’est à dire en barriques, de les laisser vieillir dans les chais sur les bords de la Tamise, sous contrôle des douanes anglaises, et de les mettre en bouteilles en...les millésimant! Ce que refuse de faire le Bureau National du Cognac depuis plus de quarante ans. Ainsi dans les meilleures caves de Londres et certains Grands Magasins vous trouvez, d’ailleurs à prix raisonnables, des cognacs de maisons souvent prestigieuses, Hine, Delamain, Prunier..., millésimés et de très grande qualité. En effet le climat londonien, accentué par la proximité du fleuve, donne des conditions de conservation particulièrement humides qui adoucissent rapidement le cognac et lui confèrent la rondeur et la suavité définie par « smooth » en anglais, spécifiques de ces cognacs dénommés « Early landed », autrement dit « rentré jeune ».

Coup de coeur - Dégustation

Grande Champagne Très Rare de Paul Giraud

D’un jaune d’or léger, brillante, d’une transparence diaphane, cette Grande Champagne de Bouteville séduit d’emblée par son apparence.

Le premier nez monte, immédiat, d’une grande finesse. Elégante elle mêle un rancio pénétrant et complexe à des arômes d’acacia et de miel affirmant une race certaine. Insistante, elle s’épanouit avec le temps, garantie d’un âge certain et d’un logement de qualité. Chaque instant apporte des arômes nouveaux, mouvants, changeants. Cette dentelle arachnéenne d’un fruité subtil, souple et doux atteste l’extrême qualité de la Grande Champagne même si elle n’est pas à l’apogée de son vieillissement. Elle me fait penser à un fabuleux Early landed des bords de la Tamise, une Grande Champagne de 1948 de Hine, mise en bouteille par Berry and Brothers. On retrouve en bouche les saveurs fines de rancio et de miel, le fruit léger et tendre, qui emplit la bouche et s’estompe. Point encore la queue de paon que livrerait l’âge avancé mais la présence pleine enveloppante et légère propre au début de la maturité. L’équilibre est presque parfait pour ce cognac superbe au nez, agréable et plein en bouche, sans fard, une vraie Grande Champagne.

On souhaite que Paul Giraud nous livre un jour un cognac de la même race avec quelques années de plus !

Paul Giraud Grande Champagne Très Rare

Extra Vieux du Château de Beaulon

La palette mordorée soutenue dans les bruns de ce cognac préfigure le nez gras, mâtiné d’une pointe d’agressivité, presque lourd. Le fondu garantit l’âge confirmé par un rancio massif qu’éclaire une pointe de cire d’abeille et de figue confite. Les accents de terroir marquent avec détermination le cru plus proche des Bons Bois que des Fins Bois. La bouche confirme le nez, ronde, très grasse, lourde, certainement vieille mais par trop rustique. Point de défaut, mais la marque exacerbée des caractères les moins attrayants du cru qui pénalise ce cognac.

Château de Beaulon Extra Vieux

Napoléon de A.E.DOR

Cet assemblage de la maison Dor m’a un peu dérouté par une incohérence surprenante, mais presque séduisante. An nez, un rance discret, savamment édulcoré, perce avec difficulté derrière des arômes de cacao cuit et surtout de brûlé. Avec le temps, il s’affirme, puis disparaît, toujours couvert par ce brûlé intense, et puis il s’amollit, en s’amenuisant. La bouche ronde, doucereuse, légèrement agressive, avec un passage aqueux, goûte un rancio léger mêlé à un fruité suave. Quelques défauts non rédhibitoires ne pénalisent pas trop cet assemblage hétéroclite mais plutôt agréable, un cognac surprenant mais aimable.

A.E.DOR Napoléon

XO Grande Champagne de Denis Charpentier

Pour un viticulteur l’exercice qui consiste à assembler et surtout réduire un XO est des plus délicats. Ce XO n’échappe pas à la règle. Son nez laisse apparaître un rancio léger et fin, un fruit discret fortement voilé par un mordant trop fort. La réduction a raboté les qualités indéniables du produit initial, réduisant le montant, affadissant les arômes. Le temps cependant permet de réaffirmer le fruit et le rance finement miellé, la race et l’élégance que donne la Grande Champagne. La bouche est douce, sans agressivité, restituant les saveurs du nez, présente. On sent que le cognac de départ était une bonne Grande Champagne. Rien de décevant dans ce produit sinon ce qu’il aurait pu être avec une réduction mieux réussie.

Denis Charpentier XO Grande Champagne

Cognac Paul Giraud Les Montendres, 16120 Bouteville

Phone: (+33) 05 45 97 03 93 Fax: (+33) 05 45 97 54 82

Château de Beaulon 17240 Saint Dizant du Gua

Phone: (+33) 05 46 49 96 13 Fax: (+33) 05 46 49 94 96

A.E. Dor 4 rue Jacques Moreau, 16200 Jarnac

Phone: (+33) 05 45 36 88 68 Fax: (+33) 05 45 36 88 66

Cognac Charpentier 59 avenue Théphile Gautier 75016 Paris

Phone: (+33) 01 45 27 86 07 Fax: (+33) 01 42 24 85 48